Dans ma pratique artistique, je me réapproprie des codes issus de l’univers domestique et les réinterprète dans des sculptures très spontanées. Elles évoquent des objets connus, mais sont toutes habitées d’une vie propre.

Je m’intéresse au point de rupture, ce moment où les choses peuvent basculer, s’inverser, changer radicalement, voire se détruire.

Je travaille à partir d’objets qui sont pour moi des vecteurs de poésie. Peints, moulés ou enfoncés directement dans la terre fraîche pour prendre leur empreinte, ils deviennent des éléments de décor.

Ces éléments de décors se séparent aussi de l’objet pour devenir des oeuvres à part entière. Quand ils ne sont pas amassés sur mes sculptures, les soldats sont mis en scène et photographiés dans des lieux quotidiens qui prennent alors une toute autre dimension.

Les armes sont refaites dans de nouveaux matériaux et mises en scène de façon absurde: le pistolet devient un bonbon en chocolat que l’on savoure, les poings américains en porcelaine sont des parures délicates et féminines.

Dans certaines oeuvres, j’utilise des objets domestiques que je récupère. Je les parasite en jouant avec le décor pré-existant et l’objet lui-même: les assiettes deviennent comme les cases d’une bande dessinée. Chaque série détourne l’image idyllique des décors traditionnels de la vaisselle européenne.

La vision est brouillée et les décors semblent prendre vie et grouiller sur la forme. Les modifications de rapport d’échelle ou de matériau offrent une vision nouvelle sur un paysage ou un objet connu. Le décalage provoqué crée la surprise et l’amusement. Mes oeuvres nous rappellent notre quotidien, mais prennent une dimension proche de l’absurde.